Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ON N'EN PARLE JAMAIS!
ON N'EN PARLE JAMAIS!
Archives
16 mars 2011

3. Atterrissage en urgence

(Résumé du chapitre précédent: Léa revient à ses sources originelles dans les Ardennes pendant qu’un méchant « train de la mort » chargé de déchets radioactifs traverse la France. Elle retrouve Dagmar, son amie berlinoise entre manifestations et sauterie écologiste, sur fond de sujet imposé par le rédac : l’empoisonnement provoqué par l’Etat. Comment y retrouver ses billes ? )

presse1gchap3

 

-           Qu’est-ce que tu branles ?!! Je suppose que tu as déjà quelque chose à me proposer sur la phosphorescence de l’Université Paris V !

-          Pas la peine de beugler comme ça, Joël. Je ne reviendrai pas à Paris pour pondre ton article merdique ! C’est ici et maintenant que ça se passe ! En Allemagne ! Tu verrais ça ! Mieux que dans ta jeunesse !

- Épargne-moi tes platitudes, je suis né en 1968. Rendez-vous à 14h pour une réunion d’urgence. C’est à Paris qu’on te paye, je te signale.

- Je ne peux pas !

- A 14h précises. Sinon je te fais ramener  par la peau du cul. Il y a du nouveau. Sois là.

 

Il y avait du nouveau. Un prix Nobel américain, Daniel Carleton Gajdusek, venait de mourir en Norvège, où il se trouvait sous liberté conditionnelle. Il avait démontré que le prion bovin (le vecteur de la maladie de la vache folle) restait actif au moins trois ans dans la terre, ce qui impliquait  de sérieuses conséquences quant aux engrais industriels, constitués dans leur grande majorité à base de farine de viande et d’os. À la fin du siècle dernier, les autorités US, fort embarrassées par le manque à gagner en matière de récupération des cadavres bovins, l’avaient accusé de pédérastie pour une affaire douteuse vieille de 40 ans, en profitant au passage pour détruire son laboratoire, ses archives ainsi que sa réputation. A la fin de sa vie, Gajdusek avait trouvé refuge en Norvège, à la condition expresse de ne plus jamais aborder les thèmes de sa recherche, quand bien même fut-ce en privé, puis il était mort d’une mort atroce et expresse, un cancer foudroyant et généralisé dont on ne connaissait pas les marqueurs génétiques. Or, dans ses jeunes années, ce scientifique avait très bien connu et fréquenté Paris V, où il avait effectué des stages alors qu’il étudiait à l’université de Rochester.

 

Bien entendu, dans la salle de rédaction de Webactu, ce fut Maurice, comme d’habitude, qui lâcha la première salve :

-          Allons bon ! Bientôt, pour un rhume, ce sera aussi la faute à l’université Paris V, laquelle rend cancéreux, pédéraste et pré-bronchitique ! Pourquoi on ne déclare pas la polonaise « traître à la nation française », tant qu’on y est ? 

-          Maurice, t’arrête tes conneries à deux balles. Le Monde.fr enquête sur les essais réalisés par les militaires français avec l’agent Orange en Indochine. Et l’Humanité veut rouvrir le dossier de l’amiante. On est dans le vent, les gars. Faut battre le fer tant qu’il est chaud, les enfants. Donc, toi, Maurice, tu t’occupes de Gajdusek. Ce sera notre Portrait Exemplaire. Notre accroche actu, ce sera bien sûr l’université Paris V. Léa, qui nous a ramené le sujet, en sera chargée…

-          Ah, non, pas question. L’accroche actu doit me revenir cette semaine !

-          D’accord, Maurice, trancha Léa, épuisée par ces marchandages ; je te laisse l’accroche actu et je prends la mort du Nobel américain en Norvège.

-          C’est bien, vous commencez à être raisonnables, jubila Joël ; Thierry, de quoi veux-tu t’occuper ?

-          Franchement, j’hésite entre le LSD et l’hormone de croissance…

-          Prends des vitamines, mets-toi les piles, mon coco… Ya personne pour les diffusants du pétrole dans les marées noires?

-           Je prends !

-          Vous voyez bien qu’on y arrive…

-          Moi je vous dis qu’on va s’attirer des emmerdes !

-          C’est évidemment une éventualité dans l’ordre des possibles…

-          Il faut aussi espérer que Léa ne nous entraîne pas dans de nouvelles digressions.

 

Ils tournèrent tous la tête vers elle, en un sourire ironique commun. En guise de réponse, elle haussa les épaules.  On sonna à la porte.

-          Qui c’est ?

-          Pizza Service ! Deux margaritas, une quatre staggiones, une bomba mexicana au chorizo !

Ils se demandèrent qui avait bien pu commander la bombe mexicaine au chorizo mais de toute façon, ça tombait bien, ils avaient terriblement faim.

Publicité
Publicité
Commentaires
ON N'EN PARLE JAMAIS!
  • C'est le grand retour du feuilleton! Sur des sujets brûlants dont normalement, ON N'EN PARLE JAMAIS. Mais justement, on ne va plus parler que de ÇA. Nos deux auteurs, Fred Romano et Franck dit Bart attendent vos commentaires
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité