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ON N'EN PARLE JAMAIS!
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20 avril 2011

8. Dagmar décolle : une sortie sur les chapeaux de roue.

(Résumé : Planqués dans une tombe aménagée du cimetière du Père Lachaise. Dagmar et Nils penchent pour un attentat de la DGSE contre Webactu. Lebourrin hors-jeu dans son enquête joue les cartes de Madame Romano. Difficile dans ces conditions de prévenir l’avenir !)

 sauna1g

Nils fut aux nouvelles dans sa cabine onde courte. Les deux jeunes femmes profitèrent de sa relative absence pour se  prodiguer des soins de longue haleine, grandes eaux au programme des réjouissances. Léa reprenait des forces dans les bras de son amante. La Singette sourit aux vampires.  Dès le deuxième jour, à la mine fermée de leur géant préféré, elles comprirent qu’elles devraient faire le deuil à l’hommage réciproque de leurs béances. Nils leur fit un topo noir de la situation atmosphérique.

-          L’air est irrespirable. Ils nous prennent pour la RAF du groupe Baader / Meinhof.[1]. Avec une prime, à qui rapportera des renseignements concernant nos portraits placardés dans tous les lieux publics, avec nos caractéristiques physiques. On se croirait rendus comme au bon vieux temps héroïque de l’Allemagne fédérale. Quand on cherchait des terroristes dans les poux des milieux étudiants, en soutenant sciemment les bases américaines en Allemagne, les B52 US se préparant au largage de l’Agent Orange[2] au Vietnam. On ne peut plus sortir, nous sommes trop facilement repérables. Et je vais arrêter mes dialogues ondes courtes, par mesure de sécurité… Mais ce serait bien de reprendre contact avec les sympathisants allemands…

 

Les quatre yeux se fixèrent sur Dagmar, qui éructa de rage, se trahissant elle-même.

-          Me regarde pas comme ça, macho, merlu, et prends pas tes désirs pour des réalités ! Ce sera plus facile pour moi pour passer inaperçue ? Sans doute, mon grand, et pendant ce temps-là, tu feras souffrir la pauvre Léa avec ton sale machin pointu !

-          La situation parlons-en. Le délit de sale gueule, c’est pour nous et tant que Léa ne sera pas assez en forme pour bouger, on doit rester très prudents. D’autant plus, que d’après mes informations, l’étau se resserre. On ne peut plus faire confiance aux compagnes et compagnons à l’extérieur qui seront forcément pris en filature et interrogés. On ne doit compter que sur nous.

 

Léa apporta une certaine respiration, tapotant sur son pc.

-Les amis, vous oubliez notre outil favori !

-Vérolé jusqu’à la garde notre outil. De source sûre, un ami hacker me l’a démontré. Je ne te parle Même pas de nos téléphones portables, tous justes bons à être jetés à la poubelle. Il n’y a pas mieux comme balise et comme fil à la patte pour les flics. Pire que nos cartes de crédit.

 

À la grimace de Léa, Nils comprit son désarroi profond.

-          Ne t’inquiète pas frangine, j’ai un plan de repli en province. C’est une affaire de deux ou trois jours.

-          Je te croyais fils unique, salaud de macho. Vous me donnez la gerbe tous les deux, moi j’ai besoin de prendre l’air.

 

Dagmar était prête à claquer la lourde du tombeau, quand les bras du molosse la ramenèrent à la raison.

 

 

 

-          Lebourrin cheval gagnant ! Ah ah les caves !

Dans une remontée de coke, le commissaire décravaté se revit en culottes courtes, coursé par la bande ennemie qui voulait lui piquer tous ses boutons de culotte en imitant les chevaliers teutons au galop.

-          Lebourrin n’est pas le bourrin que l’on croit et d’ailleurs je vais leur prouver à ces empaffés qui me laissent mariner toute ma sueur dans ce bureau crado dans le but de retrouver les ennemis publics numéro un. Cette Léa est flanquée de deux étrangers, même pas en règle avec les services de l’immigration : mais que fait la police ? Ah, ah, ah, elle est trop bonne, faudra que je la place en haut lieu !

Il soliloquait son impuissance depuis un bon quart d’heure, quand dans un éclair, il ses idées se remirent d’aplomb toutes seules (la magie de la coke).

-          Mirza, non, la dame Romano serait une visiteuse de nécropole, la belle affaire. « Celle que vous cherchez est au cimetière », « celle que vous cherchez est au cimetière ».  Quelle conne. Je me suis bien fait avoir.

 

La voix lancinante de la mage à la marge de toutes les rationalités lui trottait les sabots. Léa se trouve au cimetière six pieds sous terre et l’affaire est classée. Mais oui c’est bien sûr ! Elle se trouve au cimetière !

-          Je vais joindre le petit Théo à la mondaine. Il parait qu’il s’en passe de bonnes à la tombe où il fait bon de s’asseoir. La tombe d'un soir, quelle passoire ! Ah ah ah, elle est vraiment très bonne, trop drôle !

 

Les orgies au clair de lune avaient toujours cours et certaines sépultures fraiches attiraient les détrousseurs de vertu moribonde. Un certain Jean-Noël Astrid coutumier du fait avait déjà passé six mois au placard. Il y avait une chanson de dérision des années 70. C’était le groupe Odeurs, si les fiches de la DGSE étaient exactes. Le tact de son chef de file leur permettait de rire dangereusement de tout avec talent  Il pianota le nom de l’énergumène au blaze de naze, un certain Ramon Pipin. Et d’un clic, il ouvrit ses esgourdes à la chique musique qui lui balançait un refrain décapant. C’était vraiment bien torché.  Astrid est à l’amour / Ce que la chambre froide / Est à l’Institut médico-légal / Et si elle préfère Charcot / Au marquis de Sade / C’est dû à sa nature sentimentale / Pour conserver l’amour / Le froid est souverain / Ainsi s’explique l’éternel féminin[3].

 

Il allait se l’interroger ce Jean-Noël Astrid et peut-être même Ramon Pipin en chanson à sa façon, ce serait une première. Qui avait dit déjà que la police ne savait battre la mesure de la musique avec un bottin sur la tête ?

 

                  

Dagmar énervée était toutefois un poids plume comparée au géant. Elle savait que sa haine pour l’homme qui voulait lui rafler sa tendre ne perdrait rien pour attendre et que l’heure venue, il payera son dû à l’ordre des  Amazones. Patience, patience…. Fardée, perruquée, vêtue passe partout, mais rembourrée tout de même aux jointures, le casque à la main, elle se rendit à l’évidence crasse. Nils l’avait pourtant prévenue en lui tendant les clés de sa BM.

-          Ta mob antique est HS, essaie plutôt mon valeureux destrier. Actionne juste la manette du réglage de la hauteur de la selle si tu ne veux pas morfler du macadam. Ce serait vraiment trop con, une chute au point de mire de notre planque.

 

Ses sarcasmes à son encontre l’avaient toujours meurtrie, d’autant qu’à en croire Léa, il était très doux dans l’intimité. Tu parles Charles et ses gonades en sautoir, il devait la troncher à couilles rabattues, qu’elle en crèverait sa Léa si fragile. Il fallait coûte que coûte s’extraire de ce bourbier sans l’aide d’aucun homme, même soi-disant bien intentionné. Elle en avait ras le clito qu’on lui indique le cap à suivre. À propos de cap justement, au début c’était difficile les manœuvres au ralenti, étant donné le gabarit de l’engin. Mais une fois en mouvement, après quelque temps pour s’habituer, la moto lui semblait assez légère et agréable à piloter. Juste à l’arrêt, il lui fallait motiver son attention sur un pied. La nervosité de sa  Husqvarna 750 à lui doper l’entre cuisse comme un bon gode des familles, l’allemande à côté lui sembla très froide. Elle savait la personne idoine à rencarder avec la carte mère afin de toucher le groupe qui planquait Joël. De sa bouche amoureuse, Léa serait folle de joie d’apprendre des nouvelles de son rédac. Dagmar était dingue de cette jeune femme française pas si courante. Son coup de foudre berlinois au corps animal pouvait supporter sa main en elle plus que toutes autres compagnes aguerries. Elles se jouaient au jeu de la main chaude et rien que d’y penser, elle en éprouvait des frissons. Rue Gailuron, elle gara son engin sur la chaussée prévue à cet effet. Elle riva l’antivol en forme de U et déposa son casque dans le top case. Dagmar passa à plusieurs reprises devant le numéro 33 sans s’arrêter, feignant de défaire son harnachement de motarde. Elle vérifia dans le reflet d’une vitrine de fringues que personne ne la suivait et s’introduisit dans le passage. Et là, quelle ne fut pas sa surprise !



[1] Entre  1972 et 1977  en Allemagne fédérale, la RAF, groupe révolutionnaire armé se bâtit contre la guerre au Vietnam, les intérêts américains, la presse torchon…  jusqu’en 1977 avec l’assassinat des prisonniers à la prison de Stammheim, voir « RAF Guérilla urbaine en Europe occidentale » de Anne Steiner et Loïc Debray, éditions l’Echappée, 2006

[2] Poison chimique, puissant défoliant, inventé par la firme Monsanto dans les années soixante pour le compte de l’armée américaine.

[3] Astrid de Costric et Gaspéris in l’album  Ramon Pipin’s Odeurs : 1980 : No sex !

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Commentaires
ON N'EN PARLE JAMAIS!
  • C'est le grand retour du feuilleton! Sur des sujets brûlants dont normalement, ON N'EN PARLE JAMAIS. Mais justement, on ne va plus parler que de ÇA. Nos deux auteurs, Fred Romano et Franck dit Bart attendent vos commentaires
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