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ON N'EN PARLE JAMAIS!
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4 août 2011

22. Guerre et paix, Voïna et tout le tralala…

Résumé du précédent épisode : finalement Léa a le maffieux dans la peau qui lui ramone tous ses désirs. Il cherche même à passer une alliance avec les activistes sous l’oreiller ! Joël et Dagmar partent en train à Zegg tandis que Nils ratisse tout Barcelone pour retrouver Léa.

 zeggep21gb

Presque à sec, le fric s’était volatilisé avec Léa et les bonnes résolutions de révolutions. Couper court au souffle de l’autre escogriffe encravaté qui devait avoir mis la main sur la plus rebelle des journalistes qui lui fut donné de rencontrer, Nils devait s’en charger. Joël s’était laissé pousser la barbe, c’était plus prudent. Quant aux cheveux c’était déjà trop tard, les dernières mèches intactes jouaient la voltige au-dessus de son crâne dégarni ! Comme il le craignait, le groupe s’était scindé et était donc devenu plus vulnérable. En levant les yeux et croisant le regard noir de sa voisine, il sourit à l’aspect jeune bourgeoise tombée du nid. Il cilla sur le décolleté saillant du tailleur. La métamorphose de Dagmar était saisissante. Sa perruque rousse éclaboussait ses taches de rousseur. On aurait dit un couple disproportionné par l’âge ou un patron en phase de harcèlement ou encore un père emmenant sa fille en voyage. Elle n’avait pas ouvert la bouche depuis leur départ de la gare de Barcelona. Les écouteurs à ses oreilles, elle se timbrait les tympans aux sons déchirés du premier album de Nina Hagen.

Joël entreprit la lecture studieuse d’une biographie d’Einstein, son héros contrasté. « Je ne me considère pas comme le père de l’énergie atomique » Ça commençait bien ! Tu charries Albert….

Un homme ouvrit la porte du compartiment. Il portait un uniforme de flic d’un pays de l’Est avec une croix en or qui cintrait ses décorations héroïques, la moustache assortie. Il parlait haut et fort dans une langue gutturale, le téléphone portable barré de la faucille et du marteau porté à l’oreille. Léa sortit de sa léthargie et pointa de l’escarpin une cheville de Joël qui faillit verser son gros volume par-dessus bord et dégainer un bienvenue assorti d’une bastos bien à propos. C’est dingue ce que Dagmar pouvait receler de trésors entre ses obus, une armada ! Elle avait déjà légèrement déboutonné sa veste quand l’homme éclata d’un rire tonitruant en allemand à l’attention de la jeune femme.

-                     Mademoiselle, vous êtes la recrue rêvée aux idéaux radicaux que je chevauche comme un cheval fou. Je me présente : Oleg ressortissant russe en rupture de ban, membre imminent de Voïna[1] qui signifie la guerre en Russe. Nous sommes un groupe radical. Nous rugissons aux impostures des chimères consuméristes du capitalisme finissant. « Nous sommes entrés en guerre contre les loups garous en uniforme, l’obscurantisme politique et social pour la liberté de l’art contemporain ».Le pénis est l’organe le mieux compris des services secrets. Jetez un œil sur nos œuvres.

Dagmar bouda au zizi de 62 mètres de haut intitulé : « La bite prisonnière du FSB[2] qui avait fière allure et dressait sa fougue à Saint-Pétersbourg. Il avait été pris en photo sur le pont-levis en face des bureaux des successeurs du KGB. Sauf qu’en ce qui la concernait, ces attributs ne relevaient pas de son sens de l’humour.

L’homme comprit sa méprise.

-                     A moins que vous ne préfériez l’art du retournement de voitures de police avec ses occupants flics à l’intérieur complètement bourrés, histoire de dénoncer la corruption du régime. Je peux même vous traduire la légende en russe au dos de l’image. Voiture renversée à l’entrée du Musée russe, installation artistique pour demander la réforme au ministère de l’Intérieur.

Dagmar grimaçait de sa plus belle dentition, replongeant au plus profond de ses esgourdes profondes se coulant avec la voix de Nina. En revanche, Joël paru très intéressé par ce nouvel art démonstratif.

-                     Nous savons donner de notre personne et nous connaissons déjà les cachots ! « On s’est retrouvé en prison parce que le gouvernement russe est devenu fou. Il est tombé dans la xénophobie et l’obscurantisme. Il a violé les droits de l’homme et des libertés afin de voler tranquillement les pétrodollars du peuple. Les vrais extrémistes ce n’est pas nous mais eux. L’artiste a pour mission de s’opposer. S’en prendre à la police, c’est attaquer leur toute puissance. En Russie, la population a trop peur de l’autorité ».

Joël hochait la tête à toutes ces affirmations soutenues par les photos des happenings du groupe. Les deux hommes fraternisèrent et échangèrent un cri de ralliement prochain.

 

Arrivés à Berlin, sa seconde peau qu’elle connaissait comme les moindres recoins de son string en cuir, Dagmar sema Joël avec complaisance. Il planait déjà au-dessus de la Baal-Babylone européenne un soupçon de vent brûlant qui vous retournait les sens. Joël imagina le jeune Einstein voguant toutes voiles dehors à bord de son frêle voilier vers sa théorie de la relativité. L’Alex[3], si cher à Alfred Döblin le médecin écrivain dans la verve d’un Céline, sema sa zone dans l’esprit en vadrouille de Joël. Le message de Dagmar qu’il reçut en écho finit par l’achever.

-         Mon papi chéri, on se retrouve dans trois jours. J’ai un besoin express de décompresser et baiser. Je te recontacterai.

A Barcelone, un autre homme nageait dans la mélasse. Nils avait encore une piste à creuser, la dernière pour retrouver Léa saine et sauve !

 

 

 

 

 

 



[2] Services secrets russes

[3] La Place Alexanderplatz symbolisait le centre-ville lors de l’épopée de l’Allemagne de l’Est et était aussi la gare de transit pour les touristes en goguette avant la chute du Mur. Elle donna le titre du fameux roman  « Berlin Alexanderplatz » de Döblin qui fut  adapté au cinéma avec maestro par Rainer Werner Fassbinder.

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Commentaires
ON N'EN PARLE JAMAIS!
  • C'est le grand retour du feuilleton! Sur des sujets brûlants dont normalement, ON N'EN PARLE JAMAIS. Mais justement, on ne va plus parler que de ÇA. Nos deux auteurs, Fred Romano et Franck dit Bart attendent vos commentaires
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