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ON N'EN PARLE JAMAIS!
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27 avril 2011

9. Révolution

(Résumé de l’épisode précédent : Atmosphère, atmosphère irrespirable entre les trois épidermes activistes planqués dans une tombe. Ça risque de péter ! Dagmar enfourche sa moto pour prendre l’air. Tandis que Lebourrin, rencardé par la mondaine, croit tenir le ticket gagnant sur une chanson rock !). 

 

 lecaireg

 

Un groupe de plus en plus nombreux était massé à l’entrée d’un magasin de télés dans l’entrée de l’immeuble. Certains appelaient leurs amis sur leurs cellulaires, il régnait une émotion intense, emplie d’une dignité palpable. Un large écran plat dernier modèle diffusait des images de CNN International. Elles étaient si incroyables que Dagmar, hallucinée, rejoignit le groupe.

 

Place de la Libération, au centre du Caire, en Égypte, des millions de manifestants embrassaient des soldats égyptiens. Toutes les classes, tous les sexes et tous les âges étaient mélangés. Leurs pancartes, en arabe et en anglais, demandaient le départ immédiat du tyran Moubarak qui rançonnait leur pays depuis trente ans. Les Marocains, les Algériens, les Libyens, rassemblés face à l’écran considéraient en silence l’impossible advenu sous leurs yeux, plus gros que leurs ventres. Les Tunisiens étaient embrassés, félicités, certains pleuraient de joie, d’autres remerciaient leurs dieux. Un jeune Algérien souriant lui demanda ce qu’elle cherchait, si elle avait besoin d’aide. Dagmar pointa l’écran du doigt alors que les manifestants montaient à l’assaut de la statue équestre d’Alexandre Le Grand en brandissant leurs drapeaux égyptiens et balbutia avec son fort accent allemand. On la fit passer jusqu’aux premières places. Un contagieux frémissement emplissait l’atmosphère. Dagmar reconnut dans l’instant ce frisson qui l’avait prise à accueillir ces premiers réfugiés Allemands de l’Est à la frontière austro-hongroise, ceux qui les premiers avaient osé cisailler le rideau de fer qui en conséquence s’était totalement écroulé six mois plus tard avec le rachat par Helmut Khôl des dettes soviétiques et le conséquent effondrement du mur de Berlin. Elle comprit que l’Histoire était en train de s’écrire, cette fois-ci, au pays des pharaons. Si jamais l’Egypte parvenait à secouer le joug du tyran Moubarak, alors la région toute entière, jusqu’aux frontières de l’Asie, aurait le courage d’exiger la démocratie, la liberté. Puis le Premier Ministre espagnol, Zapatero, prit la parole et défendit avec enthousiasme le peuple égyptien. Les journalistes américains se surprirent de ce sursaut européen, le seul en son genre, tous les chefs d’Etat européens semblaient eux aussi avoir passé ces derniers jours dans un caveau, ne savaient rien de l’Égypte et ne donnaient pas signe de vie. Mais à l’écran apparut ensuite une carte significative : le chemin que devraient prendre les supertankers si jamais Suez était fermée passait par le contournement de l’Afrique et le premier pays européen qu’ils rencontreraient ensuite était l’Espagne.

 

 C’étaient d’excellentes nouvelles. Dagmar sut qu’elle n’avait plus rien à faire à Berlin. Elle devait avertir Léa de toute urgence. Tel qu’on le connaissait, Joël devait déjà se trouver dans la foule égyptienne, brandissant le poing sur la place de la Libération au Caire.

 

Dagmar reprit le chemin du cimetière du Père Lachaise, grinçant des dents en songeant à ce que ce Nils avait bien pu tenter en sa courte absence. Les feux verts se succédèrent comme par magie. Elle se sentait portée par la force de l’Egypte et avec habileté zigzagua entre les blindés des CRS qui en longue et lourde file semblaient se diriger au même endroit. Un coup d’œil dans le rétroviseur la convainquit qu’il n’y avait plus une minute à perdre. Un dispositif policier conséquent était en train de se mettre en place autour du cimetière. Avec un peu de chance, les flics parisiens, pas rapides en information tout comme le gouvernement français, ne seraient pas au courant de la brèche, selon Nils ouverte il y a peu par les pilleurs de tombes. Ça valait le coup d’essayer.

 

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Commentaires
ON N'EN PARLE JAMAIS!
  • C'est le grand retour du feuilleton! Sur des sujets brûlants dont normalement, ON N'EN PARLE JAMAIS. Mais justement, on ne va plus parler que de ÇA. Nos deux auteurs, Fred Romano et Franck dit Bart attendent vos commentaires
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